Publié le 13 novembre 2024 par Caroline Dusanter
pollution lumineuse

Si nos ancêtres s’éclairaient grâce à la lumière de la Lune ou du feu, aujourd’hui notre manière de voir en pleine nuit a bien évoluée. Seul 20% de la population mondiale est encore capable d’observer des nuits noires, exemptes d’éclairages artificiels. Alors, si la lumière fait partie de notre quotidien, plusieurs scientifiques alertent sur les problèmes de santé que peuvent causer les multiples sources lumineuses qui nous entourent. Quels sont les dangers de la pollution lumineuse ? Parlons Planète vous éclaire sur le sujet. 💡

Qu’est-ce que la pollution lumineuse ?

Depuis les origines de l’Humanité, le besoin de s’éclairer pendant la nuit est apparu comme un mécanisme de défense naturel face à la crainte des bêtes sauvages. Au fil du temps, la volonté de chasser l’obscurité est devenue de plus en plus présente. Depuis l’apparition des premières ampoules électriques au XIXème siècle, diverses sources lumineuses se sont développées en Europe, jusqu’à la généralisation massive de l’éclairage public au XXème siècle.

Cependant, la présence de lumières artificielles dues aux activités humaines provoque l’absence de nuit noire, ce qui a malheureusement des effets négatifs autant sur la biodiversité et l’environnement que sur la santé humaine. Cette pollution lumineuse est un phénomène aujourd’hui massif, qui continue de s’amplifier. Le gouvernement français et de nombreux experts le confirment en chiffres :

  • 80% de la population mondiale est aujourd’hui exposée à la pollution lumineuse ;
  • 99% de la population européenne y est exposée ;
  • 36% (environ) de la population mondiale ne peut plus observer la Voie Lactée. 🌌

Au-delà de l’éclairage artificiel installé en extérieur dans les villes, cette forme de pollution se manifeste de nos jours à travers d’autres espaces. À l’intérieur de nos bâtiments, une importante dose de lumière LED (soit des diodes électroluminescentes) nous environne : l’éclairage mais aussi les appareils numériques qui nous entourent quotidiennement. Ainsi, les personnes travaillant en période nocturne sont particulièrement exposées à ce type de nuisances lumineuses. Par ailleurs, les personnes exerçant une profession à l’intérieur (dans un bureau, etc.) manquent d’une dose suffisante de lumière naturelle, provenant du Soleil.

Santé : en quoi la pollution lumineuse est-elle un danger ?

De nombreuses études démontrent que la lumière artificielle, constamment présente dans nos espaces de vie, est en réalité dangereuse pour la santé humaine. La pollution lumineuse affecte sérieusement notre corps et ce phénomène prolongé peut avoir un impact sur notre santé. On vous partage plus de détails. 🔦👇

L’éclairage artificiel constamment présent

Outre les lampadaires d’éclairage public ou les panneaux publicitaires lumineux présents dans les zones urbaines, il existe d’autres sources lumineuses venant chasser l’obscurité à la nuit tombée. En effet, l’un des principaux éléments contribuant à la pollution lumineuse et faisant d’elle un élément dangereux pour notre santé est l’éclairage intérieur.

Nous nous référons à la lumière artificielle omniprésente à l’intérieur des logements, à laquelle nous sommes exposés dès que la nuit tombe. Il s’agit de l’éclairage mais aussi des écrans lumineux tels que les télévisions, les ordinateurs portables, les smartphones, etc. Ces émissions de lumière artificielle dans le cadre domestique posent problème.

Les ampoules LED, à diodes électroluminescentes, ont été développées dans les années 2000 dans le but de réduire les consommatons d’énergie liées à l’éclairage. Effectivement, ces ampoules sont plus économes en énergie que celles à incandescence, qui donnent une lumière ambrée. Néanmoins, les LED émettent une lumière bleue dont la longueur d’onde est plus courte que celle des ampoules à incandescence. C’est ce qui peut gravement affecter notre santé.

👉 Le problème ? La lumière bleue est constamment présente dans notre environnement.

Une pollution lumineuse qui affecte notre corps

Chaque personne a une sensibilité différente à l’éclairage artificiel, mais de nombreuses études mesurent aujourd’hui les effets néfastes sur l’ensemble de la population exposée à la pollution lumineuse. Comme l’explique George Brainard, à la tête du Light Research Program de l’Université Thomas Jefferson de Philadelphie, au National Geographic : “la majorité de l’évolution humaine a été marquée par des journées lumineuses, des soirées sombres et des nuits noires, et nous avons vraiment changé la donne”.

Hormis le fait d’être constamment exposés à des nuisances lumineuses, la lumière bleue a la caractéristique de perturber la sécrétion de mélatonine. Cette hormone régule le sommeil. D’un point de vue plus technique : elle est sécrétée par la glande pinéale dès que nous sommes dans l’obscurité, possède des propriétés anti-inflammatoires et participe à faire obstacle aux tumeurs.

La lumière bleue altère la qualité de notre sommeil ainsi que sa durée, ce qui affecte notre organisme. En percevant la lumière bleue de façon excessive, nous modifions également le rythme circadien du corps (en d’autres mots, son horloge interne). Pourquoi cela ? Et bien, cette rythmicité est synchronisée par les cellules ganglionnaires de la rétine. Ces neurones spécialisés permettent notre perception de la lumière et contribuent à libérer l’hormone de mélatonine. 👁️🔆


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Quelles sont les conséquences sur notre santé ?

La pollution lumineuse a bel et bien des effets négatifs sur notre santé. La modification du rythme circadien, cette désynchronisation interne, peut conduire au développement de pathologies sur le long terme. Le rythme du corps étant perturbé par une exposition excessive à la lumière, diverses études révèlent les risques que nous encourons : ont été associés à ce phénomène des risques de cancer du sein, du colon ou encore de la prostate.

D’autres études, menées à plus petites échelles, alertent sur d’autres risques pour la santé : obésité, diabète, crises cardiaques, troubles psychiques, altérations de la mémoire, mais aussi perturbation du système reproducteur, ou encore un danger lors de la conduite, pouvant engendrer des accidents de la route.

Comment combattre la pollution lumineuse ?

En somme, la pollution lumineuse peut représenter un réel danger pour la santé humaine, mais pas seulement. Voici 3 points négatifs à ce phénomène :

  • ❌ cela affecte gravement la la santé humaine et la biodiversité, perturbant le mode de vie de milliers d’animaux nocturnes ;
  • ❌ cela représente un gaspillage énergétique important, avec une forte consommation d’électricité, ce qui contribue au changement climatique ;
  • ❌ cela change notre rapport à la nuit : au-delà d’entraver l’observation du ciel et des astres, cela impacte notre relation à l’obscurité et à notre environnement.

Que faire pour lutter contre la pollution lumineuse ? Voici quelques éléments de réponses :

✅ Renforcer la réglementation en vigueur

La lutte contre la pollution lumineuse en France se manifeste notamment par l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses. Voici quelques exemples des mesures prévues par cette réglementation :

  • La lumière émise par les lampadaires dans les zones urbaines ne peut plus éclairer le ciel. Les luminaires en service doivent être orientés vers le sol et non plus vers le ciel, afin que les habitations privées ne soient pas gênées par cette lumière intrusive.
  • Les luminaires publics respectent des températures de couleur précises, en fonction de la zone qu’ils éclairent. Par exemple, les parcs naturels régionaux et parcs naturels marins devront être éclairés par des lumières de maximum 2 400 K (kelvin) hors agglomération.
  • La temporalité des systèmes d’éclairage est réglementée en période nocturne. Par exemple, les éclairages des vitrines de magasins de commerce ou d’exposition doivent être éteints au plus tard à 1 heure du matin et allumés au plus tôt à 7 heures.

Néanmoins, l’efficacité de ces mesures pourrait être améliorée en complétant la réglementation actuelle, notamment en appliquant des contrôles et des sanctions afin de la faire respecter, ou en contraignant l’éclairage des événements extérieurs et des équipements sportifs.

🪴 Bientôt des plantes pour éclairer nos villes ?

✅ Préserver la qualité de la nuit

De multiples actions de sensibilisation et d’organisations luttent pour préserver la qualité de notre environnement nocturne. On retrouve par exemple des organismes tels que l’Association Internationale Dark Sky, qui reconnaît des sanctuaires de ciel étoilé tels que l’île d’Ynys Enlli, le premier site en Europe à avoir obtenu cette distinction.

À plus petite échelle, la France a développé le label “Villes et villages étoilés”. Mis en place par l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN), ce label a déjà reconnu 722 communes françaises. Le but est d’inciter les municipalités et collectivités territoriales à mener des actions concrètes en prévention des nuisances lumineuses.

Ainsi, l’une des actions pouvant être mise en place est d’éteindre l’éclairage public dans les centres urbains pour observer le ciel nocturne : une extinction qui a eu lieu par exemple au centre d’observation astronomique du Pic du Midi, la plus grande Réserve de Ciel Étoilé de France. Ce type d’initiative est d’ailleurs une opération phare du Jour de la nuit, une campagne nationale de sensibilisation menée par l’association Agir pour l’environnement.

✅ Des gestes simples au quotidien

Enfin, il est possible de se protéger de la pollution lumineuse chez soi, en réduisant les nuisances lumineuses en soirée et la nuit. Pour cela, adopter plusieurs gestes simples peut vous aider :

  • installer des volets et des rideaux épais dans les chambres donnant sur des sources lumineuses extérieures ;
  • privilégier les ampoules dont la température peut être réglée afin de vous procurer un éclairage à la longueur d’onde ambrée dès la tombée de la nuit ;
  • réduire la lumière bleue de son smartphone en paramétrant des tons plus chauds le soir, et éviter de regarder longtemps les écrans avant de se coucher ;
  • équiper sa salle de bain de veilleuses ou d’un éclairage ambré afin de ne pas perturber la production de mélatonine lors d’un passage nocturne dans cette pièce ;
  • masquer les voyants lumineux des appareils domestiques la nuit ou, encore mieux, éteindre ces appareils pour éviter une consommation de veille.

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Sources :