Publié le 11 novembre 2024 par Caroline Dusanter
bizon

En Roumanie, le bison d'Europe est de retour après des siècles de disparition, et les impacts sont étonnants, tant pour la biodiversité que pour le climat. Réintroduit principalement dans les Carpates, ce grand mammifère terrestre joue désormais un rôle clé dans la régénération des écosystèmes. Aujourd'hui, les bisons évoluent librement dans ces montagnes majestueuses, fertilisent les sols et contribuent à la lutte contre le réchauffement climatique. On vous explique comment dans cet article signé Parlons Planète. 🦬

Le retour du bison d’Europe dans les Carpates roumaines

Le bison d’Europe avait disparu de Roumanie il y a plus de 200 ans, victime de la chasse excessive et de la destruction de son habitat naturel. Mais grâce aux efforts de l’organisation Rewilding Europe et du WWF Roumanie, ce grand herbivore a été réintroduit petit à petit dans les montagnes des Carpates du Sud en 2014. Aujourd'hui, la horde de bisons dans cette zone atteint plus de 170 individus, l'une des plus grandes populations de bisons en liberté en Europe. Ils vivent en liberté sur près de 50 km² de paysages sauvages.

À terme, les experts estiment que la région pourrait abriter jusqu’à 450 bisons. En Europe, la réintroduction de ce grand herbivore progresse peu à peu. En plus de la Roumanie, on trouve des bisons en Pologne, en Ukraine, en Allemagne et même au Royaume-Uni. Au total, environ 7 500 bisons vivent en liberté sur le continent.

Un impact bénéfique sur la biodiversité

Le bison est ce qu'on appelle une espèce « clé de voûte ». Cela signifie que son comportement a des effets profonds et bénéfiques sur l'ensemble de l'écosystème.

En effet, en broutant de manière extensive, ils favorisent la croissance des plantes et permettent aux graines de se disperser sur de grandes surfaces. Cette action naturelle régénère les écosystèmes forestiers, recréant ainsi des habitats pour de nombreuses autres espèces animales et végétales.

Comme l'explique le professeur Oswald Schmitz de l'Université de Yale, qui a étudié l'impact écologique du bison en Roumanie, les bisons « recyclent les nutriments et fertilisent les sols, dispersent les graines et compactent les sols, empêchant ainsi le carbone stocké dans ces écosystèmes de s’échapper ». Ces animaux, disparus de la Roumanie pendant des siècles, redonnent aujourd’hui vie à des territoires autrefois appauvris.

Un allié pour le climat

Mais l’impact du retour du bison ne s’arrête pas à la biodiversité. Leur présence a aussi une influence directe sur le climat. En broutant les prairies, les bisons fertilisent les sols, ce qui permet aux plantes de mieux pousser et ainsi de stocker davantage de carbone.

Selon une étude récente, ces bisons permettraient de capturer 54 000 tonnes de carbone par an dans les Carpates roumaines, ce qui correspond aux émissions de plus de 43 000 voitures à essence américaines ou 123 000 voitures européennes. Ces résultats sont extrêmement prometteurs, notamment dans un contexte où la lutte contre le réchauffement climatique devient de plus en plus urgente.

Un retour qui profite aussi aux communautés locales

La réintroduction des bisons en Roumanie bénéficie également aux habitants de la région. Ce retour permet notamment de développer un nouveau type de tourisme axé sur la nature et la faune sauvage. Des initiatives locales émergent pour capitaliser sur cette nouvelle attraction, et créer des emplois ainsi que des opportunités économiques dans des régions rurales souvent délaissées.

Le WWF Roumanie et Rewilding Europe travaillent étroitement avec les communautés locales pour garantir que la réintroduction des bisons soit un succès à long terme. En outre, l’implication des communautés dans la protection de ces animaux permet de créer un lien fort entre la population locale et la nature qui les entoure.

Un modèle à suivre pour la conservation en Europe

Le retour du bison en Roumanie pourrait également servir de modèle pour d'autres régions d'Europe et même au-delà. Comme le souligne Rewilding Europe, la réintroduction de ces grands herbivores a un impact positif non seulement pour la nature mais aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique.

Et les bisons ne sont pas les seuls à avoir un rôle à jouer dans ce processus. D'autres grands mammifères, comme les éléphants de forêt tropicale, les bœufs musqués et les loutres de mer, pourraient également être réintroduits pour renforcer les écosystèmes.

En développant ces actions, les écologistes espèrent insuffler un nouveau souffle aux paysages européens, tout en luttant contre les crises climatiques et de biodiversité. Les résultats sont extrêmement encourageants et offrent un exemple concret de la manière dont la nature peut être utilisée comme une solution au changement climatique.


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