La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) sont deux indicateurs permettant à l’Observatoire Climat-Énergie de faire un état des lieux annuel des objectifs de la France. Quel est le bilan pour l’année 2023 ? Parlons Planète vous partage les résultats du dernier rapport établi par l’Observatoire Climat-Énergie.
Qu’est-ce que l’Observatoire Climat-Énergie ?
Depuis 2017, en partenariat avec l’Agence de la transition écologique (Ademe), le Réseau Action Climat a développé l’Observatoire Climat-Énergie : un dispositif indépendant permettant d’analyser la trajectoire climatique et énergétique de la France chaque année. En France, le Réseau Action Climat réunit plusieurs associations engagées pour une “transition écologique, solidaire et équitable”.
Face aux enjeux du changement climatique, la France (et plus largement l’Europe) revoit chaque année ses objectifs afin d'accélérer sa transition écologique et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Bonne nouvelle ! En 2023, on note une baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. 📉
Afin de toujours maintenir un regard d’ensemble sur les objectifs nationaux, et d’engager ainsi les actions nécessaires, l’Observatoire Climat-Énergie publie un rapport annuel de la trajectoire de la France. Ce tableau de bord se base sur plusieurs indicateurs et données comme :
👉 la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), qui ne prend en compte que les émissions de GES émises sur le territoire français, à différencier de l’empreinte carbone (biens et services, produits en France ou importés, consommés sur le territoire) ;
👉 la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) ;
👉 les données du Ministère de la Transition écologique ;
👉 le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (CITEPA) ;
👉 le Réseau de Transport d’Électricité (RTE).
La France a-t-elle respecté ses objectifs Climat en 2023 ?
De façon globale, les objectifs Climat 2023 de la France ont été respectés, avec une baisse notable des émissions de GES. Les estimations fournies par l’Observatoire Climat-Énergie se basent sur les budgets carbone fixés par la SNBC. Il s’agit de plafonds d’émissions de GES à ne pas dépasser.
On distingue alors 2 types d’émissions :
- les émissions brutes : la somme des émissions de GES de tous les secteurs, sans compter l’absorption de CO2 effectuée par les forêts et les sols ;
- les émissions nettes : la somme des émissions de GES nationales, auxquelles l’on a retranché le CO2 absorbé par les forêts et les sols.
Ainsi, en 2023, la France a respecté ses objectifs avec :
- une émission brute de 372,9 MtCO2e (mégatonne d’équivalent CO2) pour un objectif de 395 MtCO2e ;
- une émission nette de 352,2 MtCO2e pour un objectif de 355 MtCO2e.
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Secteurs émetteurs en France : des objectifs respectés ?
Cette baisse globale des émissions de GES est encourageante. Néanmoins, les budgets carbone de certains secteurs n’ont pas été respectés en 2023. Découvrons plus en détails quels sont-ils, parmi les secteurs d’activité les plus émetteurs de GES en France.
✅ L’agriculture
D’après les chiffres du CITEPA, l’agriculture représente 19,6% des émissions nationales en 2023, soit le deuxième secteur le plus polluant après les transports. Cette année, la France a respecté son budget carbone avec environ 2 MtCO2e émises en moins que prévu. L’usage de pesticides chimiques et l’élevage bovin étant deux des leviers principaux pour la transition de ce secteur.
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✅ L’industrie
Le secteur de l’industrie, responsable de 17,4% des émissions de GES nationales selon les estimations 2023 du CITEPA, a lui aussi vu ses émissions diminuer. Par rapport au budget carbone fixé, ce sont 6,2 MtCO2e émises en moins que prévu en 2023. La raison de cette baisse s’explique surtout par une diminution de production au sein d’activités très émettrices (ciment, acier…).
✅ Les bâtiments
Le budget carbone du secteur des bâtiments a bien été respecté, avec environ 12,6 MtCO2e émises en moins que prévu. Ce changement peut s’expliquer par plusieurs facteurs, comme un hiver plus doux ou la hausse des prix de l’énergie en 2023, qui a entraîné une baisse des consommations dans les foyers.
❌ Les transports
En revanche, la France n’a pas suffisamment diminué ses émissions de GES dans le secteur des transports, premier émetteur national selon les données du CITEPA. Bilan 2023 : les émissions ont baissé à un total de 126,8 MtCO2e, pas assez pour atteindre le budget carbone fixé à 123 MtCO2e. Il reste encore du chemin à parcourir… 🚂
❌ Les forêts et les sols
Enfin, la neutralité carbone ne s’atteint pas seulement en diminuant les émissions ; il est également nécessaire d’augmenter les capacités de séquestration de carbone. Pour cela, les forêts et les sols, qui absorbent du CO2, jouent un rôle primordial. Cependant, en 2023, la séquestration carbone n’a représenté que 20,7 MtCO2e, pour un objectif de 40 MtCO2e. Les sécheresses et incendies sont en partie responsables de la baisse des puits de carbone en France.
Qu’en est-il des objectifs Énergie ?
Suivant les indicateurs de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), l’Observatoire Climat-Énergie a retracé une baisse globale de la consommation énergétique de la France, avec une marge de 1,5 % par rapport à la trajectoire prévue par la PPE.
Concernant la consommation primaire d’énergies fossiles, la consommation de charbon et de gaz fossile a diminué significativement, avec un total de 5 TWh (térawattheures) de moins que prévu. Cependant, la consommation de produits pétroliers est toujours en stagnation.
Par ailleurs, la part d’énergies renouvelables (EnR) dans la consommation finale d’énergie est toujours insuffisante. En effet, le développement des énergies vertes est encore lent sur le territoire et ce type d’énergie peine à prendre sa place dans le mix national. Ainsi, en 2023, on ne retrouve que 22,2% d’EnR dans la consommation finale brute d’énergie, pour un objectif de 25%.
🌳 🌎 Comme le précise le rapport de l’Observatoire Climat-Énergie, “l’atteinte des objectifs climatiques reste donc fragile” pour la France. De nouveaux objectifs doivent être fixés et des efforts restent à faire dans tous les secteurs pour réduire durablement nos émissions de GES.
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