En août 2024, le gouvernement australien a approuvé les plans de construction de ce qui pourrait devenir la plus grande ferme solaire du monde, avec plus de 12 000 hectares de panneaux photovoltaïques. Le projet du nom de SunCable entend construire une centrale solaire capable d’alimenter en électricité des millions d’australiens, mais pas que : un câble sous-marin permettra de fournir Singapour en électricité verte ! Comment ce projet de taille sera-t-il mis en place ? Quels enjeux représente-t-il pour l’Australie ? Parlons Planète vous embarque dans l’hémisphère sud, à la découverte de cette ferme solaire unique au monde. 🌏☀️
SunCable, un projet de ferme solaire en Australie
L’Australie s’engage sur la voie de la transition énergétique avec un projet hors norme : un gigantesque parc solaire qui pourrait alimenter des millions de personnes en électricité verte. L’entreprise SunCable envisage de construire la plus grande centrale solaire au monde, positionnant l’Australie comme leader en énergie verte. Découvrons ce projet en détail.
La plus grande centrale solaire du monde
C’est au beau milieu de l’Outback australien que pourrait se tenir la future plus grande zone solaire du monde. En effet, le territoire du nord de l’Australie prévoit d’accueillir un peu plus de 12 000 hectares de panneaux solaires photovoltaïques, dans le cadre du projet SunCable. Plus exactement, l’installation solaire devrait se situer sur les terres arides du nord du pays, entre la ville portuaire de Darwin et Alice Springs.
La ferme solaire générera une importante quantité d’électricité verte, capable d’alimenter l’Australie mais également Singapour, situé en Asie du Sud. Effectivement, l’énergie produite au cœur du désert australien sera d’abord envoyée à Darwin, à 800 km de l’infrastructure, puis vers Singapour, à 4 300 km, via un câble sous-marin. D’où le nom du projet SunCable, soit “le câble du soleil” permettant d’exporter l’énergie solaire par câble !
Un projet ambitieux
SunCable envisage de construire une ferme solaire d’envergure, un projet au coût d’investissement de 21 milliards d’euros et qui pourrait engendrer la création d’un peu plus de 14 000 emplois. Par ailleurs, il est prévu que la production d’énergie verte australienne débute en 2030. Pendant ce temps, les travaux de la centrale pourraient déjà commencer dès 2025.
En proposant d’alimenter Singapour en électricité via un câble, SunCable s’attaque à un projet de taille : fabriquer le plus long câble sous-marin haute tension (de plus de 4 000 km) avec des technologies de pointe. Pour cela, l’entreprise pense implanter son usine de fabrication à Bell Bay, en Tasmanie, un site privilégié pour ses infrastructures et sa proximité avec un port en eau profonde.
En réalité, si le projet aboutit, il s’agirait de la seule usine de construction de câbles avancés présente dans l’hémisphère sud. Bien sûr, cela représente aussi un bénéfice énorme pour la Tasmanie et l’économie du pays. Si tout se passe comme prévu, le premier câble devrait être fabriqué en 2029.
SunCable : le gouvernement australien approuve le projet
Aujourd’hui, le projet de ferme solaire est encore un peu plus proche de voir le jour. Le 21 août 2024, le gouvernement australien a officiellement approuvé les plans de construction de la centrale solaire. Cela marque une étape dans la politique énergétique du pays, jusqu’alors principalement centrée sur la production de charbon, l’énergie fossile émettant le plus de CO2 dans l’atmosphère.
Cependant, bien que le gouvernement ait donné son feu vert, le projet SunCable doit encore être approuvé par différents acteurs, tels que :
- les commautés autochtones, propriétaires des terrains situés dans l’Outback australien ;
- les autorités de régulation du marché de l’énergie de Singapour ;
- ou encore le gouvernement indonésien.
La décision finale est attendue pour 2027. Pour le moment, l’Australie se félicite de cette initiative verte, remarquée au niveau mondial. Amanda McKenzie, directrice générale de l’ONG Climate Council, souligne cette étape clé qui pourrait convertir l’Australie en une “puissance énergétique propre”. Un futur pour lequel militent bon nombre d’australiens, dont le puissant milliardaire Mike Cannon-Brookes, qui finance en partie le projet.
Un projet soutenu par Mike Cannon-Brookes
En plus du gouvernement et des collectivités locales australiennes, le projet est soutenu par le milliardaire et militant écologiste Mike Cannon-Brookes. Vous n’avez peut-être pas entendu parler de lui, mais il fait partie des personnes les plus riches d’Australie. Cofondateur et PDG de l’éditeur de logiciels informatiques Atlassian (qui a par exemple développé Trello, un outil de gestion de projets), le milliardaire de 44 ans a choisi de réinvestir sa fortune dans des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique.
Issu du secteur de la technologie et militant pour la planète, Mike Cannon-Brookes soutient aujourd’hui le projet SunCable afin de faire de l’Australie le premier exportateur mondial d’électricité solaire.
Découvrir le projet SunCable en chiffres
L’installation solaire prévue par SunCable dans le nord de l’Australie est d’une ampleur gigantesque. Voici quelques chiffres concernant la production d’énergie estimée par les panneaux solaires de la centrale.
En moyenne, 6 gigawatts d’énergie seront exportés et jusqu’à 40 gigawatts pourront être emmagasinés dans des batteries de stockage ! La ferme solaire devrait donc produire 4 gigawatts par heure servant à alimenter 3 millions de foyers australiens en électricité.
En plus, grâce au câble sous-marin reliant l’Australie à Singapour, villes séparées par 4 300 km, ce sont deux autres gigawatts par heure qui seront exportés. Cette installation permettra de couvrir 15% des besoins en énergie de la cité-État, dont le mix énergétique actuel est majoritairement basé sur le gaz naturel.
Enfin, d’après la ministre de l’environnement australienne Tanya Plibersek, le projet SunCable “fournirait presque six fois plus d’énergie qu’un grand réacteur nucléaire de 700 mégawatts”, rapporte le journal Le Monde.
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Quelles sont les limites du projet de ferme solaire SunCable ?
Ce projet titanesque n’est pas sans contraintes. De fait, si installer un peu plus de 12 000 hectares de panneaux solaires ne devrait pas représenter de difficulté particulière, le déploiement d’un câble électrique sous-marin de pointe semble plus complexe. Effectivement, quelques complications techniques risquent de mettre l’équipe de SunCable au défi. Par exemple, le câble qui sera mis en place pour rejoindre Singapour va devoir traverser des zones peu accessibles, telles que la fosse du Timor Oriental, dont la profondeur rendra l’installation du câble plus délicate. Aussi, nous pouvons nous interroger sur l’impact environnemental que représentera cette installation pour la biodiversité marine.
Par ailleurs, l’une des limites auxquelles peut être confronté le projet SunCable repose sur l’approbation (encore en attente) d’autres acteurs, tels que les communautés autochtones d’Australie. En effet, les propriétaires traditionnels des terres rouges du pays jouent également un rôle dans la mise en place de la centrale solaire. De son côté, SunCable “exprime son respect envers les propriétaires traditionnels des terres” en reconnaissant “leurs milliers d’années de gestion et de connexion à la terre, au ciel, aux voies navigables et à la culture dans les lieux où nous opérons” (site web de SunCable). Alors, qu’adviendra-t-il ? Affaire à suivre dans les années à venir.
Projet SunCable : un avenir plus vert pour l’Australie ?
Jusqu’à présent, l’Australie n’est pas connue pour sa production d’énergies renouvelables. En réalité, l’Australie est actuellement l’un des principaux exportateurs mondiaux de charbon et de gaz naturel, des énergies fossiles. En outre, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, la production totale d’électricité du pays était issue
- à 47% du charbon ;
- à 32% des énergies renouvelables.
Gros émetteur de gaz à effet de serre, le charbon représente donc presque la moitié de la production électrique annuelle australienne. Mais, engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050, l’Australie mise aujourd’hui sur l’énergie solaire afin de mettre rapidement le cap sur la transition énergétique.
Cette ambition verte et ce changement de politique énergétique découlent d’une prise de conscience des Australiens face aux conséquences du changement climatique, qui ont touché le pays à de maintes reprises. Fortes chaleurs, inondations et feux de brousses ont ravagé une bonne partie des terres australiennes, déjà arides. Se trouvant extrêmement menacée par les effets du changement climatique, l’Australie ambitionne aujourd’hui de se tourner vers les renouvelables en exportant son soleil !
Le premier ministre travailliste Anthony Albanese entend donc transformer cette terre exportatrice de charbon en une superpuissance des énergies vertes. Avec le projet SunCable, le gouvernement australien espère pouvoir réduire ses émissions de CO2 de 43% d’ici à 2030. La nouvelle centrale solaire pourrait bien offrir un avenir plus vert au pays et faire de l’Australie “le leader mondial de l’énergie verte”, a déclaré la ministre de l’environnement Tanya Plibersek.
L’Australie parmi les leaders de l’énergie solaire ?
Si l’Australie ne s’est encore jamais faite remarquer pour son exploitation de l’énergie solaire, ce ne sont pas les ressources naturelles qui manquent. En effet, comme nous le savons, l’énergie provenant du Soleil est une source d’énergie illimitée, renouvelable et 100% gratuite. D’après les données du gouvernement australien, ce sont 58 millions de pétajoules de rayonnement solaire qui tombent sur le pays chaque année. Cela représente un potentiel énorme, très prometteur pour la grande ferme solaire en prévision.
Dans le monde, d’autres puissances ont choisi d’investir dans l’énergie solaire afin de développer une alternative énergétique durable. Aujourd’hui, les leaders mondiaux de l’énergie solaire sont par exemple la Chine, les États-Unis, l’Inde ou encore les Émirats arabes unis, qui ont inauguré une centrale solaire en 2023. La Chine, quant à elle, a récemment mis en service l’immense ferme solaire de Midong, dans la région du Xinjiang, d’une puissance de 3,5 gigawatts.
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Ferme solaire : un moyen d’exploiter l’énergie solaire à grande échelle
Toutes les installations solaires ne sont pas des fermes solaires. Un particulier qui pratique l’autoconsommation solaire grâce à quelques panneaux installés dans son jardin n’a rien à voir avec les 12 000 hectares de photovoltaïques prévus en Australie. Dans les deux cas, on exploite le rayonnement solaire pour produire de l’énergie, mais ce qui les différencie c’est la taille. Une ferme solaire est une installation à grande échelle, qui implique plusieurs kilomètres carrés, voires hectares.
De plus, il faut rappeler que les fermes solaires sont uniquement dédiées à la production d’électricité, contrairement aux installations solaires thermiques, menées à plus petite échelle, permettant de produire de la chaleur pour un chauffage domestique. Une centrale solaire se compose donc de milliers de panneaux solaires photovoltaïques, posés au sol. Après réception des rayons de soleil, le courant continu produit se transforme en courant alternatif par le biais d’un onduleur. Avant qu’il ne soit injecté dans le réseau électrique, la tension du courant augmente grâce à un transformateur.
Le plus souvent, on retrouve les centrales solaires sur des terrains qui n’ont pas d’usage agricole, tels que des carrières ou des friches industrielles. En France, la part de l’électricité produite par le photovoltaïque représente actuellement 2,2 % de la consommation brute du pays. Il reste encore du chemin à parcourir pour développer l’énergie solaire photovoltaïque, mais c’est un bon début. La plus grande ferme solaire d’Europe se trouve en France, d’ailleurs ! C’est à Cestas, en Gironde, que l’on retrouve les 260 hectares de la centrale solaire d’une puissance de 300 MWc.
💡 Le saviez-vous ?
Un autre type de projet solaire, dédié à la production d’électricité et souvent déployé à grande échelle, ne repose pas sur le photovoltaïque mais sur le solaire thermodynamique. Il s’agit d’une autre technologie solaire capable de produire de l’électricité verte. Les systèmes solaires à concentration thermodynamique utilisent des milliers de miroirs orientables afin de faire converger les flux de photons de lumière en un même point. Ce processus génère de la chaleur, captée dans des fluides caloporteurs, pouvant être convertie en électricité via un générateur. Le principal avantage de cette installation est que l’inertie thermique des fluides permet de générer de l’électricité même plusieurs heures après la disparition du rayonnement solaire, contrairement aux panneaux photovoltaïques.
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