Publié le 1 août 2024 par Claire Garcés
Les taxis volants de Paris une réalité ?

Aujourd’hui, le secteur des transports dans son ensemble représente environ 32% des émissions de gaz à effet de serre françaises, soit la première source d’émissions avant l’agriculture (19%). Pour répondre au défi de décarbonation du secteur, de plus en plus d’innovations voient le jour, comme les taxis volants électriques VoloCity. Cet été 2024, lors des Jeux Olympiques de Paris, une expérimentation de ces véhicules est en cours. Mais qu’en est-il réellement ? Ce projet est-il durable ? Décryptage avec Parlons Planète.

Des taxis volants aux JO 2024 à Paris, de quoi s’agit-il ?

Les taxis volants ressemblent davantage à de petits hélicoptères électriques qu’à des voitures avec des ailes. Innovation de l’entreprise allemande Volocopter, les “VoloCity” sont en réalité des aéronefs électriques à décollage et atterrissage vertical (eVTOL, en anglais). Le groupe des Aéroports de Paris (ADP) s’est associé au projet, dont l’objectif est de montrer, lors des JO 2024, qu’un nouveau mode de transport en zone urbaine est possible. Le projet des taxis volants est soutenu, entre autres, par la Région Île-de-France.

Il faut néanmoins préciser que ce projet est en cours d’expérimentation cet été, et ce, jusqu’à la fin de l’année 2024 au maximum. L’entreprise Volocopter explique que le but de ces véhicules est de pouvoir transporter des personnes en contournant les voies routières, effectuant un trajet d’un point A à un point B plus rapidement.

Les points A et B en question sont surtout centrés sur la liaison aéroports-centre ville, avec un projet initial de 3 trajets :

  • Aéroport Charles-de-Gaulle ↔️ Aéroport du Bourget
  • Aérodrome de Saint-Cyr-l’École ↔️ Hélioport de Paris
  • Hélioport de Paris ↔️ Quai d’Austerlitz

Comment fonctionnent ces taxis volants ?

Ces petits hélicoptères électriques fonctionnent grâce à 9 batteries et un rotor avec 18 moteurs qui tournent en synchronisation. Sur chaque moteur se trouve une hélice. Cet appareil planifie de voler à environ 200 mètres de hauteur et peut atteindre jusqu’à 110 km/h en vol. Pour le moment, il s’agit d’aéronefs deux places (place du conducteur comprise).

Le projet des VoloCity étant pour le moment expérimental, plusieurs restrictions sont appliquées. Entre autres, l’hélistation située sur le Quai d’Austerlitz peut être exploitée entre 8 et 17 heures, et le nombre de vols est limité “à deux mouvements par heure et à 900 vols sur la totalité de l'expérimentation”, qui termine en fin d’année. (selon l’arrêté publié au Journal officiel le 9 juillet 2024, repris dans un article du Monde).


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Taxis volants aux JO 2024 de Paris : est-ce un projet durable ?

Un véhicule électrique : oui, mais… Si pour certains ces taxis volants représentent une innovation technologique, pour d’autres, il s’agit d’une aberration écologique. Qu’en est-il ? D’après un reportage réalisé par le média Brut au mois de juin 2024, ces engins électriques ne seraient pas si durables qu’ils en ont l’air.

Taxis volants : quelles émissions de gaz à effet de serre ?

L’objectif des appareils VoloCity est, dans l’idéal, de remplacer les trajets effectués par un hélicoptère thermique. L’entreprise Volocopter indique que ce véhicule électrique émet largement moins d’émissions de CO2 qu’une voiture thermique, par exemple.

D’après la société allemande, les émissions de CO2 en déplacement du VoloCity sont de 110 g de CO2 /km, soit 32 fois moins qu’un hélicoptère thermique et 1,7 fois moins qu’une voiture thermique. Cependant, lorsque l’on s’intéresse à l’ensemble du cycle de vie d’un taxi volant, soit les émissions générées par ses déplacements mais aussi par sa fabrication, les chiffres pourraient alors traduire un tout autre résultat.

D’après l’Ademe, une voiture électrique émet environ 20 g de CO2 /km pour le déplacement et 100 g de CO2 /km en comptant son cycle de vie entier. Nous pouvons alors comparer ces données avec celles partagées par Volocopter, mentionnées juste avant.

Autres questions concernant la durabilité des taxis volants

Hormis les émissions de CO2 rejetées par le véhicule VoloCity, d’autres aspects peuvent être questionnés concernant sa durabilité. Par exemple, d’où provient l’électricité utilisée pour son fonctionnement ? De plus, concernant la nuisance sonore, l’entreprise Volocopter assure que ce taxi volant est silencieux, avec 66 décibels à son décollage. Annoncé comme un appareil silencieux, existe-t-il alors un risque pour les oiseaux de se heurter aux pales ?

Au-delà de ces questions, le projet des taxis volants a été vivement critiqué, notamment de la part des élus du Conseil de Paris. En effet, une procédure d’enquête publique a été ouverte concernant l’installation de l’hélistation au Quai d’Austerlitz (une plateforme installée sur la Seine, permettant au VoloCity d'atterrir).

Quel avenir pour ce projet de taxis volants ?

À l’issue de cette période d’expérimentation, le projet de taxis volants de Volocopter pourrait bien acquérir d’autres usages. En attendant d’obtenir la certification, l’entreprise allemande a proposé d’éventuelles utilisations du VoloCity  :

👉 pour des usages médicaux : transport de matériel médical d’urgence, transport de patients... ;

👉 pour des usages touristiques : un vol en véhicule électrique au-dessus de la capitale…

Il ne s’agit pour l’instant que de propositions, qui n’ont pas fait l’objet d’expérimentations. Par ailleurs, côté prix, les taxis volants ne sont pas encore payants (étant donné que l’entreprise n’a pas encore été certifiée). Ceci dit, la gamme de prix annoncée se trouve autour de 110 € la course, un service pour le moment donc réservé à une petite frange de la population.

Les taxis volants sont-ils bénéfiques pour le climat ? S’agit-il réellement d’un transport durable ? Les modes de transports utilisés à Paris sont-ils suffisamment décarbonés ?


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