À l’heure où les écrans font partie intégrante de notre quotidien, la question de la sobriété numérique devient cruciale. Mais qu'est-ce que la sobriété numérique ? En quelques mots, il s'agit d’adopter une approche plus responsable et raisonnée de l’utilisation du numérique. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a mis en lumière plusieurs chiffres clés qui permettent de mieux comprendre l’impact environnemental de notre consommation numérique et les leviers à activer pour la réduire.
Le numérique : un secteur énergivore
Aujourd’hui, le numérique est responsable de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). En France, il représente 2,5 % des émissions nationales, et si rien ne change, ces émissions pourraient augmenter de 45 % d'ici 2030. Cela représente environ la même quantité d'émissions que l'aviation mondiale, un secteur déjà fortement pointé du doigt pour son empreinte carbone.
Cette pollution est due à trois grands facteurs :
- ⚒️La fabrication des équipements : Elle représente près de 80 % de l'impact environnemental du numérique. Par exemple, la production d'un ordinateur portable génère environ 194 kg de CO₂, et celle d'un smartphone 85 kg de CO₂. En cause : l'extraction des matières premières (terres rares, métaux) et les processus de fabrication qui sont très polluants.
- 📲L'utilisation des appareils : L'énergie consommée par nos équipements représente environ 38 % de l'impact total du numérique. Cela inclut l’alimentation des ordinateurs, des téléphones, des objets connectés, mais aussi des serveurs et des data centers.
- 🏢Les infrastructures (data centers, réseaux, etc.) : Elles sont responsables de 25 % des émissions du numérique. Avec plus de 67 millions de serveurs et 1,1 milliard d'équipements réseaux (routeurs, antennes, box Internet, etc.), la consommation énergétique du secteur est immense.
👉 Et s'il était possible d’exploiter la chaleur des data centers pour… faire pousser des algues ?
Découvrez-en plus sur ce projet pilote !
L’utilisation d’Internet : une source importante de pollution
L’utilisation quotidienne d’Internet est également une cause importante de pollution. Chaque action numérique, qu’il s’agisse de consulter un email, de regarder une vidéo ou de faire défiler un réseau social, a un coût énergétique. Par exemple, regarder une vidéo de 10 minutes en streaming représente l’équivalent de 200 grammes de CO2, soit l’empreinte d’un trajet de 1,5 km en voiture.
💡 Bon à savoir :
En France, 10% de la consommation électrique française est liée aux services numériques, dont une part importante provient du streaming vidéo. Une autre estimation réalisée par l'Ademe révèle que 50 % du trafic Internet mondial est dédié à la vidéo.
Plus de 10 millions de requêtes ChatGPT par jour
L'essor de l'intelligence artificielle, notamment avec ChatGPT, a également un impact environnemental important. Chaque jour, plus de 10 millions de requêtes sont envoyées sur ChatGPT dans le monde.
- Une seule requête ChatGPT produit en moyenne 4,32 g de CO₂ eq.
- En comparaison, une recherche classique sur le web émet environ 1,16 g de CO₂ eq.
L'entraînement et l'utilisation des modèles d'IA demandent d'énormes capacités de calcul, ce qui alourdit leur empreinte carbone.
Comment adopter la sobriété numérique ?
Face à ces chiffres alarmants, la question se pose : que peut-on faire pour réduire notre empreinte numérique ? Heureusement, plusieurs solutions sont à notre portée, que ce soit en tant qu’individu ou entreprise.
Réduire le nombre de nos appareils numériques
La première étape consiste à consommer moins, mais mieux. Chaque nouvel appareil acheté représente une ressource supplémentaire consommée. Dans un monde où nous avons tendance à remplacer fréquemment nos équipements, la réparation, la réutilisation ou la prolongation de la durée de vie de nos appareils devraient être des priorités. L'Ademe recommande de privilégier des équipements durables – produits porteurs de labels environnementaux, comme EPEAT et TCO Certified –, réparables et, lorsque possible, reconditionnés.
Optimiser l'utilisation du cloud
Le cloud est un service très utilisé, mais il n’est pas sans impact. Si nous ne le voyons pas directement, chaque fichier stocké dans le cloud nécessite de l’énergie pour être sauvegardé, et cet impact est souvent sous-estimé. L'Ademe conseille donc de réduire la quantité de données stockées sur le cloud et d'organiser régulièrement ses fichiers pour éviter de saturer ces espaces virtuels. Un simple tri de vos mails et photos peut permettre de diminuer de manière significative son empreinte numérique.
Limiter le streaming vidéo
Le streaming vidéo, en particulier en haute définition, est l’une des principales sources de pollution numérique. Il est recommandé de limiter les vidéos en haute définition si cela n'est pas nécessaire et de choisir des plateformes qui optimisent la qualité d’image selon la connexion Internet. En réduisant la résolution des vidéos ou en préférant le téléchargement pour les visionner hors ligne, il est possible de limiter les émissions de CO2 générées par ces pratiques.
Quelques autres gestes à adopter au quotidien
Chacun peut également adopter des réflexes simples pour réduire son empreinte numérique au quotidien. Par exemple :
- Désactivez les notifications inutiles : Chaque notification sur votre téléphone ou votre ordinateur est une petite action numérique supplémentaire. En les limitant, vous réduisez non seulement la consommation d’énergie, mais vous évitez aussi la surcharge mentale.
- Utilisez des moteurs de recherche responsables : Certains moteurs de recherche ont opté pour des pratiques plus écologiques. D'après une étude de Greenspector, Ecosia fait partie des moteurs de recherche avec la plus faible empreinte carbone.
- Recyclez les appareils électroniques : Saviez-vous qu'il y aurait jusqu'à 46 millions de smartphones oubliés dans nos tiroirs ? Et moins de 5 % d'entre eux sont collectés pour être recyclés. Alors ne laissez pas vos vieux appareils électroniques prendre la poussière ! Recycler vos appareils permet non seulement de récupérer des matériaux précieux, mais aussi de réduire l'impact environnemental lié à la fabrication de nouveaux produits.
Source: https://librairie.ademe.fr/ged/9193/guide-comment-adopter-sobriete-numerique.pdf