Le 30 septembre 2024, l’Observatoire européen du climat Copernicus publiait son huitième rapport sur l’état de l’océan : The Ocean State Report (OSR 8). Il s’agit d’un rapport de référence pour les scientifiques et les législateurs de l’Union européenne, où l’état de l’environnement marin est analysé en profondeur. Conclusions : le réchauffement des océans est intense et a un impact majeur sur les écosystèmes marins et côtiers. Parlons Planète revient avec vous sur ce dernier rapport de Copernicus. 🌊
Rapport Copernicus 2024 : un réchauffement des océans alarmant
L’Observatoire européen Copernicus a publié son huitième rapport sur l’état des océans, une publication annuelle permettant d’évaluer l’état global des océans mais aussi des mers régionales européennes. Cette étude de pointe est menée à l’aide d’observations satellites et de mesures in situ. Plus de 120 experts internationaux participent à ce travail scientifique, dont l’objectif final est d’alerter sur l’état de l’environnement marin afin de mieux le restaurer et le préserver, dans un contexte où le changement climatique s’intensifie.
Les conclusions de l’étude sont alarmantes : le rythme de réchauffement des océans a presque doublé en 20 ans. Nous savons que ce phénomène a débuté dès les années 1960, mais depuis, il n’a cessé de s’intensifier. D’après l’OSR 8, nos océans se réchauffent de 1,05 W/m2 (watt par mètre carré) depuis 2005, contre 0,58 W/m2 au cours des décennies précédentes.
Le rapport de Copernicus qualifie l’océan de “sentinelle du changement climatique”. En effet, une grande partie de l’étude analyse les rapports d’interaction entre les processus océaniques et le climat mondial. Occupant un peu plus de 70% de la surface terrestre, les océans jouent un rôle majeur vis-à-vis de la régulation du climat.
Depuis la nuit des temps, l’océan est un puits de carbone qui absorbe naturellement le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère. Or, les activités humaines produisent davantage d’émissions de gaz à effet de serre (GES), ce qui déséquilibre notre système climatique. L’excès de chaleur contenu dans l’atmosphère contribue à réchauffer les océans, mais aussi à faire fondre les glaces, ce qui cause une élévation du niveau de la mer, etc. Les conséquences de ce réchauffement climatique planétaire sont nombreuses.
Comment se manifeste le réchauffement des océans ?
Le huitième rapport de Copernicus alerte sur les changements que subit l’environnement marin, dans un contexte où la température globale de la planète est en constante augmentation. Parmi les effets profonds de ce réchauffement sur l’équilibre marin, on remarque l’apparition d’espèces invasives en mer Méditerranée ou encore la ponte de plus en plus fréquente de tortues Caouanne sur les côtes françaises. Selon l’OSR 8, le réchauffement des océans se caractérise par d’intenses canicules marines mais aussi par des vagues de plus en plus extrêmes et une prolifération inhabituelle de phytoplancton. Découvrons cela en détail. 👇
Des canicules marines qui s’intensifient
L’étude de Copernicus révèle que 22% des océans ont au moins connu une vague de chaleur sévère ou extrême au cours de l’année 2023. Ces canicules marines ont tendance à devenir plus longues et plus intenses : l’eau devient anormalement chaude durant une période prolongée.
En mer Méditerranée, les eaux côtières des îles Baléares ont atteint 29,2°C en août 2022, année pendant laquelle la vague de chaleur marine s’est prolongée jusqu’en décembre. La température de l’eau de surface enregistrée cette année-là est la plus chaude jamais atteinte dans cette région depuis 40 ans. Et ces canicules marines n’apparaissent pas seulement en surface : elles peuvent s’étendre jusqu’à des profondeurs atteignant 1 500 mètres.
Les répercussions des canicules marines sur le vivant sont considérables :
👉 migration des espèces marines et extinctions massives ;
👉 dégradation des écosystèmes ;
👉 stratification des océans qui perturbe la bonne distribution des nutriments…
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La prolifération du phytoplancton
Au même moment, en 2022, une prolifération extrême de phytoplancton s’est produite dans le sud-est de la Crète, en raison d’une vague de froid inhabituelle. Cette profusion de phytoplancton est 50% plus intense que la normale et a débuté un mois plus tard que les prévisions dans la région. D’après les scientifiques, ce phénomène serait le résultat d’un “mélange accru d’eaux profondes et peu profondes conduisant à des concentrations plus élevées de nutriments à la surface.”
Le processus de photosynthèse réalisé par le phytoplancton pour convertir le CO2 en matière organique (et le séquestrer au fond des océans) a conduit à une production annuelle 35% supérieure à la moyenne à long terme dans cette région de la mer Méditerranée. Ce phénomène fera l’objet d’un examen plus approfondi, précise le rapport.
Des vagues de plus en plus extrêmes
Enfin, l’OSR 8 a constaté que la hauteur des 5% des vagues les plus hautes a encore augmenté. Dans la ville espagnole de Melilla, située sur le continent africain, des vagues de plus de 7 mètres de haut et d’une durée de plus de 9 secondes ont été enregistrées en avril 2022. Ces vagues de plus en plus extrêmes représentent une menace pour les régions côtières, qui peuvent subir de fortes inondations et sont chaque jour plus concernées par l’érosion.
👀 Saviez-vous que les vagues peuvent permettre de produire de l’énergie ? C’est ce que l’on appelle l’énergie houlomotrice, qui utilise la houle pour générer une électricité verte.
Réchauffement des océans : quelles sont les répercussions ?
Le réchauffement des océans a de fortes répercussions sur l’environnement et l’ensemble de nos écosystèmes. Ouragans, tempêtes et violentes inondations font partie des conséquences d’une eau plus chaude. De plus, le réchauffement des océans entraîne :
- un changement global de la salinité de l’eau ;
- une hausse du niveau de la mer, dûe à la fonte des glaces aux deux pôles ;
- une augmentation de la stratification mais aussi de l’acidification des océans : le rapport affirme que l’acidité des océans a augmenté de 30% depuis 1985 ;
- une diminution globale de l’oxygène dans l’océan et de la biodiversité 🪸
Mais les conséquences d’un tel changement se répercutent également sur terre, avec une intensification de l’érosion des côtes et une diminution de la pêche et de l'aquaculture. Au niveau de l’atmosphère, la concentration de CO2 continue d’augmenter et les phénomènes tels que El Niño ou La Niña sont aussi impactés.
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