Les fonds marins, vastes et mystérieux, regorgent d’une richesse naturelle inestimable. Un trésor convoité par de nombreux pays. C’est le cas de la Norvège, qui devient le premier pays au monde à approuver l’exploitation minière des fonds marins. Alors que certains saluent cette initiative comme une avancée vers l'indépendance en matière de ressources, d'autres la critiquent sévèrement, mettant en avant les préoccupations environnementales et éthiques. Parlons planète fait la lumière sur le sujet.
La Norvège, seule contre tous ?
Bien que la Norvège ne fasse pas partie de l'Union européenne, sa récente décision a provoqué une vive controverse au sein du Parlement européen. Ce dernier désapprouve les intentions norvégiennes d'exploiter les ressources minières de l'Arctique.
En effet, depuis le 9 janvier 2024 et le vote favorable du Parlement norvégien, les entreprises peuvent désormais explorer – mais pas encore exploiter – les 281 000 km² des eaux norvégiennes, soit une superficie presque équivalente à celle de l'Italie.
Pourtant, cette décision avait suscité une certaine inquiétude au sein de la communauté mondiale, notamment parmi les scientifiques, l’industrie de la pêche, les ONG/la société civile et les militants. Qui plus est, plusieurs pays, dont la France, s’opposent fermement à ce procédé. « Nous devons empêcher que de nouvelles activités ne mettent en danger ces écosystèmes », avait déclaré Emmanuel Macron en juin 2022.
De nombreux opposants mettent ainsi en garde contre les dommages irréversibles que cela pourrait infliger aux écosystèmes marins fragiles. Une pétition a par ailleurs recueilli plus de 550 000 signatures à ce jour.
Vous tenez à cœur la cause des océans ?
Découvrez dans cet article
les meilleures innovations pour lutter contre la pollution des océans.
Pourquoi cet attrait pour les fonds marins ?
L'exploitation minière consiste à creuser le fond des océans dans le but de chercher des matériaux rares comme du cuivre, du nickel, de l’or et de l’argent ou encore du cobalt. Ces matériaux, qui abondent dans les fonds marins, sont essentiels pour le développement des technologies vertes telles que les batteries de voitures électriques, les semi-conducteurs et les panneaux solaires.
Les grandes puissances mondiales qui se lancent dans cette activité cherchent principalement à résoudre les pénuries graves dans les chaînes d'approvisionnement actuelles. Elles voient dans cette exploitation une opportunité stratégique et commerciale pour prendre l'avantage dans la course géopolitique aux matières premières. Le but étant de réduire leur dépendance à l'égard de la Chine et donc, de diversifier leurs sources d'approvisionnement.
Cependant, l’exploitation commerciale des fonds marins peut avoir des conséquences désastreuses sur les écosystèmes marins.
L'impact de l’exploitation minière sur la biodiversité marine
Les fonds marins abritent une biodiversité exceptionnelle, avec des écosystèmes uniques et des espèces encore largement inconnues. L'exploitation minière pourrait entraîner la destruction irréversible de ces habitats fragiles et menacer la survie de nombreuses espèces marines.
L'Union européenne craint également que l'exploitation minière ne déstabilise les niveaux de carbone dans les océans et ne réduise ainsi sa capacité à atténuer la hausse des températures mondiales.
Cependant, l’impact de l’exploitation des fonds marins par l’Homme n’est pas encore très bien mesuré. Selon Anne-Sophie Roux, de la Sustainable Ocean Alliance, les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas d’évaluer de manière fiable les impacts de cette activité sur les fonds marins. Toutefois, elle souligne que toute exploitation minière va à l’encontre des engagements de la Norvège en matière de précaution, de durabilité et d’obligations internationales envers le climat et la nature.
Ainsi, 24 pays, dont 7 pays de l’UE (Allemagne, Finlande, Espagne, France, Irlande, Portugal et Suède), appellent à un moratoire international sur l’extraction minière en eaux profondes, en attendant que la science fournisse des réponses plus claires.