Le cheval de Przewalski, une espèce que l’on pensait disparue il y a quelques siècles, est aujourd’hui protégée par de nombreux zoos et réserves dans le monde. De nos jours, on compte à peine un peu plus de 2 000 individus sur Terre. Faisant partie de la liste rouge de l’Union pour la conservation de la nature (UICN), le cheval de Przewalski est progressivement réintroduit dans son milieu naturel, notamment dans les steppes du Kazakhstan. Parlons Planète part sur les pistes de ce cheval sauvage 🐴
Comment reconnaître le cheval de Przewalski ?
Le cheval de Przewalski, ou equus ferus przewalskii de son nom scientifique, est reconnaissable par ses caractéristiques physiques particulières. Ce cheval sauvage, de petite taille et plutôt trapu, a un tempérament fougueux, ce pourquoi il n'est pas facile pour l’Homme de l’approcher. On distingue également ce cheval par sa crinière courte et sans toupet, sa raie de mulet, son épaisse encolure ainsi que sa robe isabelle, variant du ventre presque blanc au dos ocre marron.
Pourtant de la famille des équidés, le comportement des chevaux de Przewalski est différent de celui de leurs cousins, les chevaux domestiques que nous connaissons bien. Bien qu'il vive à l’état sauvage, cela reste un animal grégaire, qui s’organise en clans. Ces derniers sont toujours composés d’un étalon, accompagné d’une à trois juments et de leurs petits.
👉 Le saviez-vous ? Voici une curiosité partagée par le Muséum national d’Histoire naturelle :
le cheval de Przewalski possède 66 chromosomes, davantage que les chevaux domestiques, qui n’en possèdent que 64 !
Quelles sont les origines du cheval de Przewalski ?
Partageant un ancêtre commun avec les chevaux domestiques, le cheval de Przewalski est un animal difficilement domesticable par l’Homme. Mais, d’où vient son nom ?
Selon le Muséum national d’Histoire naturelle, nous croyions ce cheval disparu de la surface de la Terre jusqu’au jour où il a été “redécouvert”, en 1879, par le colonel et explorateur russe Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski, plus communément orthographié Przewalski. Toutefois, l’équidé est aussi connu sous le nom de Takh ou Takhi, qui signifie “cheval sauvage” ou “esprit” en mongol, rapporte l’Association française Takh concernant l’histoire du cheval.
Plus tard dans l’Histoire, dans les années 1960, les populations de chevaux de Przewalski en milieu naturel se sont effondrées. Pour causes : la chasse et la compétition avec les espèces domestiques. Le dernier cheval sauvage en liberté aurait été aperçu en 1969 dans le désert de Gobi, entre le nord de la Chine et le sud de la Mongolie. Puis, depuis le début du XXème siècle, des zoos, des parcs nationaux et des programmes d’élevages internationaux ont permis de préserver ces animaux.
Grâce à des élevages en semi-liberté, ces chevaux solitaires sont peu à peu préparés à être réintroduits sur leurs terres d’origine, allant des steppes de Mongolie à celles de Chine, en passant par le Kazakhstan. Classés comme espèces “en danger” depuis 2011, les chevaux de Przewalski sont aujourd’hui au cœur d’un vaste programme de réintroduction.
Le cheval de Przewalski sur la liste rouge mondiale de l’UICN
L’Union pour la conservation de la nature (UICN) est chargée de protéger la biodiversité à travers le monde. La liste rouge de l’UICN est un inventaire mondial de l’état de conservation des espèces animales et végétales, et permet d’évaluer leur risque d’extinction.
En 2023, la liste rouge mondiale de l’UICN comptait 44 016 espèces menacées parmi les 157 190 espèces étudiées. Le cheval de Przewalski fait partie de cette liste et était jusqu’à peu classé comme “espèce en voie de disparition”. Grâce au travail de préservation et de réintroduction du cheval indomptable dans son milieu naturel, l’espèce n’est plus menacée d’extinction mais est toujours classée “en danger”.
Une réintroduction dans les steppes sauvages du Kazakhstan
De nos jours, seule la moitié des 2 000 chevaux de Przewalski présents sur Terre vit à l’état sauvage, notamment en Mongolie et en Chine. Afin d’augmenter ce chiffre, un projet de réintroduction du cheval dans son milieu naturel a été initié en Europe par les zoos de Prague (République Tchèque) et de Berlin (Allemagne).
Le zoo de Prague accueille le cheval de Przewalski depuis 1932 et a débuté un programme de réintroduction en Mongolie en 2011, avec le soutien de jardins zoologiques du monde entier. Aujourd’hui, les différents parcs européens œuvrent pour réintroduire cette espèce sur les steppes sauvages du Kazakhstan.
De leur côté, les défenseurs de la biodiversité au Kazakhstan sont ravis de revoir ce cheval sur leurs terres : un animal déjà sacré pour les Sakas (civilisation indo-européenne dominant les steppes il y a près de 3 000 ans) et devenu un symbole national. Le retour du cheval de Przewalski est également reconnu partie du processus de reconstruction de l’identité du Kazakhstan, longtemps dominé par la Russie.
L’objectif est de rendre libre une quarantaine de ces équidés dans les 5 ans à venir. En juin 2024, un étalon et deux juments répondant aux noms de Zorro, Zeta II et Ypsilonka ont fait un périple d’environ 20 heures entre le zoo de Prague et la réserve naturelle de la “steppe d’or”, à Altyn Dala, au centre du Kazakhstan. Arrivés sur une plaine de 80 hectares, le groupe des trois chevaux sauvages sera bientôt rejoint par de nombreux autres.
Après des réintroductions réussies en Mongolie, les professionnels savent que ces steppes sont parfaitement adaptées aux chevaux de Przewalski. Les animaux seront tout de même observés pendant une année, afin de contrôler leur état de santé et leur adaptation, avant de regoûter totalement à la liberté et à la vie sauvage.
📍 Ça se passe aussi en Asie centrale :
La mer d’Aral asséchée, un vrai désastre écologique
Association Takh : une asso française pour le cheval de Przewalski
Née en 1990 en France, l’association Takh vise à protéger les chevaux sauvages de Przewalski. Au sud du Massif central, sur le haut plateau de Causse Méjean, dans le département de la Lozère, l’association a accueilli plusieurs troupeaux d’étalons avant de les réintroduire dans leur habitat d’origine. Cet espace situé à environ 800 mètres d’altitude a permis aux équidés de vivre en semi-liberté dans des conditions similaires aux steppes mongoles.
Comme mentionné plus haut, “takh” signifie “cheval sauvage” ou “esprit” en mongol. “Nous pensons que chaque être vivant à sa place dans la nature”, explique l’association française. C’est grâce au soutien technique et financier de WWF France, entre autres, que l’équipe scientifique de l’association a pu commencer à suivre les groupes de chevaux de Przewalski sur le sol de l’Hexagone, plus précisément sur le plateau du Méjean.
Le plan de protection et de réintroduction de l’association a permis le retour de centaines de chevaux sauvages au fil des années. La première opération de réintroduction a eu lieu entre 2004 et 2005, en partenariat avec l’ONG Khomy Talin Takhi, dans la zone de Seer, en Mongolie. Au milieu du parc national de Khomy Tal, des volontaires de l’association, rejoints par des rangers mongols, assurent un suivi de ces animaux sauvages et œuvrent pour voir ces chevaux en liberté.
👀 Cet article peut aussi vous intéresser :
En 2024, l’ONU alerte sur le trafic d’espèces sauvages
Sources :