Dans le bassin industriel de Lacq, au cœur du département des Pyrénées-Atlantiques, un projet porté par l’entreprise Elyse Energy a vu le jour. Appelé E-CHO (pour Énergie Carbone Hydrogène Oxygène), ce projet prévoit de produire des biocarburants pour décarboner les transports aériens et maritimes. Bonne nouvelle ? Et bien, tout n’est pas vert du côté des Pyrénées. Ces biocarburants fabriqués à base de biomasse pourraient bel et bien menacer nos forêts. Parlons Planète vous explique. 🌳
Un projet de production de biocarburants dans les Pyrénées-Atlantiques
Pour lutter contre le réchauffement climatique, il devient urgent de décarboner notre mode de vie. Cela passe notamment par la décarbonation des secteurs industriels qui émettent le plus de gaz à effet de serre (GES). Parmi eux, le transport aérien et maritime :
- selon l’Ademe, l’impact du secteur aérien français s’élève à 24,2 millions de tonnes de CO2 (2019);
- selon l’Organisation maritime internationale (OMI), le transport maritime est responsable de 2,9% des émissions de GES à l’échelle mondiale (2020).
Le bassin industriel de Lacq, au cœur du Béarn, accueillera le projet E-CHO qui consiste à produire du biocarburant pour ces transports, “à partir de biomasse durable, composée de résidus issus majoritairement de la sylviculture locale et de déchets de bois en fin de vie”, précise le groupe Elyse Energy. En construisant deux usines de production de molécules bas-carbone, l’objectif est de pouvoir utiliser du e-méthanol comme carburant pour les bateaux et du e-biokérosène comme carburant pour les avions.
Soutenu par l’Ademe, le projet bénéficie par ailleurs d’un financement estimé à 2 milliards d’euros. Une consultation publique a eu lieu en ce début d’année pour détailler le projet au grand jour, lequel devrait progressivement être mis en place entre 2027 et 2028.
Biocarburants : solution green ou greenwashing ?
Si l’entreprise Elyse Energy vise à sortir des énergies fossiles en produisant du e-biocarburant, sa démarche est sous le feu des critiques pour “ne pas être si verte que ça”.
Les biocarburants seraient fabriqués à partir de biomasse. Or, pour produire les 75 000 tonnes d’e-biokérosène prévues par le projet, la quantité de bioénergies bois n’est pas suffisante. En effet, les coproduits de transformation du bois et les résidus de la sylviculture représentent un gisement déjà limité.
Cela voudrait alors impliquer le déchiffrement des forêts, de véritables puits de carbone, au profit de la production d’un carburant pour des “avions verts”. De plus, des millions de mètres cubes d’eau seraient prélevés dans le gave de Pau, impliquant un risque d’assèchement de la rivière. Tout compte fait, l’utilisation de biomasse forestière ne serait pas une solution si verte que ça !
Par ailleurs, l’association Canopée Forêts Vivantes rappelle que “ces ‘bio’carburants n’ont rien de vert” et “qu’il est illusoire de vouloir bâtir des filières industrielles pour faire voler les avions avec ce type de biocarburants”.
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La forêt pyrénéenne menacée… pour faire voler des avions !
“Couper des forêts pour faire voler des avions, c’est non”, tel est le slogan des opposants au projet. De nombreuses associations de protection de l’environnement se mobilisent pour empêcher le projet E-CHO de voir le jour. Une pétition en ligne a été lancée et les défenseurs de la biodiversité appellent les élus locaux à prendre position.
Des avions décarbonés seront-ils dans les airs demain ? Affaire à suivre… 🍃