Publié le 26 décembre 2024 par Claire Garcés
tara polar station

La station scientifique Tara Polar a été mise à flot : cap sur l’Arctique ! Ce laboratoire dérivant construit en France par la Fondation Tara Océan sera habité par plusieurs scientifiques pendant 10 missions consécutives jusqu’en 2046. L’objectif ? Étudier l’Arctique, au pôle Nord de notre planète, où un écosystème unique témoigne des effets du changement climatique. Découvrez les missions de la Tara Polar Station. ❄️

Qu’est-ce que la Tara Polar Station ?

La Tara Polar Station est une station scientifique dédiée à l’observation du climat en Arctique. Avec pour destination l’océan Glacial Arctique, au pôle Nord, la base a été spécialement conçue pour naviguer dans des conditions extrêmes. Sa particularité : il s’agit d’une embarcation dérivante, prévue pour passer 90% du temps dans l’emprise de la glace et pour résister aux températures arctiques, pouvant atteindre les -52°C. Il a donc fallu relever de multiples défis techniques afin de concevoir le navire.

Construite à Cherbourg par les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN), la station Tara Polar est dotée d’une coque ovale en aluminium et d’une isolation thermique permettant à l’équipage de vivre 18 mois consécutifs d’expédition, soit 10 missions jusqu’en 2046. L’objectif de ce laboratoire mobile est de se laisser prendre dans la glace, puis de dériver durant des mois avec la fonte en été. Grâce à des systèmes de prélèvements et des capteurs atmosphériques, autant sous-marins que dans la glace, l’équipe scientifique pourra observer le milieu ambiant en continu.

La Tara Polar Station, une station dérivante de 26 mètres de long et 16 mètres de large, sera alimentée en énergie par une production décarbonée, issue des énergies renouvelables. D’une part, des panneaux solaires et une éolienne amélioreront l’autonomie des batteries. D’autre part, la station utilisera un biocarburant issu du recyclage d’huiles de cuisson alimentaire. Un biodigesteur ainsi qu’une station d’épuration sont également installés à bord.

L’équipage de la Tara Polar Station

La station française Tara Polar a été mise à l’eau en octobre 2024, à Cherbourg, et va suivre une période de test en conditions polaires au cours de l’année 2025. Au total, la base scientifique embarquera un maximum de 12 personnes en hiver et de 20 personnes en été. L’équipage rassemblera des scientifiques du monde entier (océanographes, biologistes, climatologues, glaciologues, physiciens…) mais aussi des ingénieurs, des médecins, des marins, des artistes et des journalistes, pour relayer cette aventure unique au cœur du pôle Nord.

La Tara Polar Station est un projet mis en place par la Fondation Tara Océan et cofinancé par l’État et l’Union européenne. Par ailleurs, la mission rassemble des acteurs internationaux tels que l’Université de Laval (Québec), l’Université du Maine (États-Unis) et le CNRS, les trois pilotes de la fondation, mais aussi l’Institut Polaire Français, l’Institut Polaire Suisse, etc.

Tous seront réunis autour d’une même mission : étudier la biodiversité en Arctique, méconnue jusqu’alors, et comprendre l’impact du changement climatique dans cet espace unique. L’océanographe polaire Marcel Babin (CNRS et Université Laval) explique que “les objectifs scientifiques de la station polaire Tara sont [...] d’examiner la vie en Arctique, et en particulier celle associée à la banquise.”


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La Tara Polar Station à la dérive en Arctique

De nos jours, le continent Arctique et son écosystème restent méconnus. L’objectif de la mission Tara Polar est donc d’améliorer la connaissance de la vie associée à la banquise, notamment son évolution au cours des saisons. Ce projet permettra de documenter l’histoire de l’Arctique durant deux décennies.

Il faut savoir que l’Arctique est particulièrement sensible aux bouleversements climatiques et que sa surface (terre et Océan) s’est réchauffée 2 fois plus vite que la moyenne globale au cours des 50 dernières années. La Fondation Tara Océan dénomme d’ailleurs l’Arctique comme véritable “sentinelle du climat”. D’après les scientifiques membres de la fondation, 70% du volume de la banquise arctique a disparu en 40 ans !

Par ailleurs, l’Arctique joue un rôle majeur dans l’évolution du climat. Pour faire simple : la fonte des glaces entraîne une absorption du rayonnement solaire par l’Océan Arctique, ce qui contribue fortement au réchauffement planétaire. Sans parler des effets du dérèglement climatique à l’échelle globale, tels que l’augmentation du niveau de la mer ou le dégel du permafrost en Sibérie et au Canada.

La prochaine expédition polaire a pour objectif de “rendre le cœur de l’Arctique accessible pour documenter et décrire la dynamique de ces transformations, objectiver les données scientifiques et recenser la richesse de la biodiversité locale.” L’intérêt de la station Tara Polar est de dériver au cœur de l’Arctique afin d’assurer une recherche scientifique pendant l’été mais aussi l’hiver, en pleine nuit polaire. “Les observations à toute saison sont indispensables pour combler ces lacunes de connaissance”, assure Gerhard Krinner (directeur de recherche CNRS, climatologue et co-auteur du 6ème rapport d’évaluation du GIEC).

Une expédition de la Fondation Tara Océan

En 20 ans d’existence, ce n’est pas la première fois que la Fondation Tara Océan envoie un navire à la dérive aux confins du pôle Nord. En effet, en 2006, c’est la goélette Tara qui s’est engagée dans une expédition de 18 mois en Arctique. Par la suite, ce voilier océanographique, véritable laboratoire flottant, a navigué dans les régions polaires et compte déjà 13 expéditions. Actuellement, la goélette explore les côtes européennes afin d’étudier l’impact de l’activité humaine sur la biodiversité des écosystèmes côtiers.

Toujours dans le but d’atteindre ces régions non accessibles, la fondation a donc innové en créant l’embarcation unique qu’est Tara Polar, mise à l’eau pour la première fois en octobre 2024. La station polaire permettra de faire avancer la recherche scientifique en Arctique, contribuant à déployer la stratégie polaire française.

Tara Polar Station et la stratégie polaire de la France

Dans le cadre du programme France 2030, la Tara Polar Station contribue à déployer la stratégie polaire de la France “équilibrer les extrêmes” à l’horizon 2030. Il s’agit pour l’État de revaloriser les moyens accordés aux équipes scientifiques et de développer les connaissances sur les pôles et leur biodiversité. L’enjeu est de mieux comprendre les effets du changement climatique sur ces écosystèmes uniques et fragiles, afin de mieux les préserver. Avec cette stratégie, le gouvernement indique notamment “ne plus exploiter les énergies fossiles au pôle Nord” et vouloir “tripler les moyens financiers accordés par les pouvoirs publics à la recherche et à la logistique en Arctique”.


👀 Saviez-vous que des traces de crème solaire ont été retrouvées au pôle nord ?

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Sources :

Gouvernement : Tara Polar StationStratégie polaire française