C’est le premier mai, il fait beau, il fait chaud, et en plus c’est un jour férié. L’occasion parfaite pour vous faire plaisir ou chouchouter vos proches en leur offrant un joli brin de muguet. Sauf que cette plante n’est pas si verte qu’on le pense. Parlons Planète vous explique pourquoi il vaudrait mieux vous passer de cet achat cette année.
Pourquoi offre-t-on du muguet au 1er mai ?
Il faut remonter à l’époque romaine pour comprendre l’importance occupée par les fleurs dans la société : le début du mois de mai est célébré en l’honneur de la déesse des fleurs Flora. A la Renaissance, sous l'impulsion du roi Charles IX, le muguet apparaît comme un symbole porte-bonheur puis est progressivement abandonné. C’est Christian Dior qui le remet au goût du jour en le choisissant comme emblème de sa marque.
Enfin, le maréchal Pétain démocratise cette pratique lorsqu’il officialise la “Fête du Travail et de la Concorde sociale” du 1er mai pour remplacer les journées de mobilisation instituées par les syndicats de l'internationale ouvrière. La date correspond également à la journée de la saint Philippe, et par clin d'oeil à la tradition monarchique, le gouvernement de l'époque décide de remettre le muguet au goût du jour.
Le muguet est resté. Lors de la présidence du Général de Gaulle, ce sont les artisans des Halles parisiennes qui venaient l'apporter à l'Elysée. Aujourd'hui, c'est le patron du marché de Rungis qui se charge de l'amener au Président de la République, le jour du 1er mai.
Le muguet : une super-production made in France
A l'heure actuelle, sans en connaître l'origine, beaucoup continuent à s'offrir du muguet au mois de mai. Cette plante est produite en France, ce qui est déjà mieux que de l’importer depuis l’autre bout de la planète.
Toutefois, cette production est quasiment concentrée dans une seule région : Nantes. Eh oui, 80 % de l’exploitation de muguet s’effectue dans cette région aux climats tempérés et aux sols sablonneux. Cela représente environ 60 millions de brins cultivés sur près de 150 hectares ensuite répartis sur le territoire national mais aussi à travers le monde.
Faire pousser du muguet, c’est pas très gai
Le problème avec la culture du muguet, c’est que c’est un processus très énergivore, depuis la floraison, en passant par le transport et la vente.
Voici les étapes par lesquelles passe cette jolie cloche blanche avant de finir sur nos étals :
enfouissement de la plante sous les sols sablonneux nantais en octobre ;
réveil en serre froide (0-4 degrés) en novembre ;
stop de la floraison en serre froide (-2 et -3 degrés) jusqu’à fin février ;
réchauffement en serre chaude pour la faire sortir ;
tri des brins en hangar basse température (6-7 degrés) ;
maintien au frais jusqu'au 1er mai ;
transport en camions réfrigérés (4-5 degrés).
En tout, le muguet met environ trois ans à fleurir ! Et au-delà de la facture énergétique nécessaire à sa survie, elle est très gourmande en eau (arrosage quotidien) et en engrais.
Une solution alternative : cueillir ou faire planter son muguet ?
Cueillir son muguet en forêt, comme le faisaient nos grand-parents après le traditionnel repas de famille du 1er mai, n’est-ce pas alléchant ? Si vous vivez dans le bassin méditerrannéen, vous aurez peut-être du mal à en trouver, mais cette plante pousse un peu partout dans le reste de la France.
La seule condition : cueillir avec modération et en laissant les bulbes, pour permettre la régénération naturelle du muguet chaque année. L’Office National des Forêts précise les modalités : “la cueillette doit être raisonnée. Seul le ramassage des tiges en fleur est toléré mais en quantité limitée : ce que la main peut contenir, soit 10 à 15 tiges par personne”.
Si vous habitez loin des forêts, des graines sont disponibles dans le commerce pour vous permettre de cultiver votre propre muguet sur votre balcon, votre terrasse ou votre jardin. C’est quand même bien plus écolo qu’un brin de muguet enrubanné dans du plastique non ?