Une récente étude du CNRS a montré que les fleurs peuvent évoluer de façon étonnante : face au manque d’insectes pollinisateurs, les fleurs s’auto-fécondent. Si ce phénomène nous montre la facilité à laquelle s’adapte la nature, il est également inquiétant. En effet, ce processus enclenche un cercle vicieux vers la disparition progressive des espèces et de la biodiversité. Parlons Planète vous en dit plus sur cette découverte 🌼
Des fleurs qui s’auto-fécondent sans insectes : une adaptation étonnante
Le 19 décembre 2023, des scientifiques du CNRS ont publié une étude dans la revue New Phytologist qui montre l’évolution de fleurs vers l’auto-fécondation et l’impact de ce phénomène. L’étude porte sur les pensées des champs présentes aux alentours de Paris qui, face à la disparition des insectes en Île-de-France, ont commencé à s’auto-polliniser. Les fleurs de pensée sont 10% plus petites et produisent 20% moins de nectar qu’il y a 20 ans.
Destruction de milieux naturels, changement climatique, pollution… Tous ces facteurs ont un impact sur la vie animale et végétale. Avec les pesticides agricoles épandus massivement dans les champs, les insectes volants ont tendance à disparaître. Or, cette baisse de population est inquiétante car ces petits pollinisateurs sont indispensables à nos écosystèmes et à notre alimentation. Eh oui ! Ce sont eux qui assurent la reproduction sexuée des fleurs.
Le phénomène de reproduction des plantes à fleur s’est toujours fait grâce aux insectes qui, en récupérant du pollen et du nectar pour se nourrir, transportent avec eux le pollen d’une fleur vers le pistil d’une autre. C’est ainsi qu’une fleur crée une graine et se reproduit. Le manque d’insectes pollinisateurs (syrphes, bourdons, abeilles, etc.) a donc obligé les fleurs à s’auto-polliniser, c’est-à-dire à se reproduire avec elles-mêmes. Le pollen féconde alors la même fleur dont il provient ou une autre fleur de la même plante.
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Pourquoi cette évolution n’est pas une bonne nouvelle ?
Cette étonnante adaptation des fleurs face au manque d’insectes pollinisateurs, bien qu’il s’agisse d’une belle preuve de résilience de la nature, inquiète les scientifiques. En effet, ce processus n’est viable que sur du court terme et n’est bon ni pour les plantes, ni pour les insectes.
Les chercheurs craignent un effet de “cercle vicieux” vers la disparition progressive de la biodiversité. Moins de visites de la part des insectes signifie que les plantes sont plus petites et produisent moins de nectar. De ce fait, les plantes attirent moins les insectes et offrent moins de nourriture pour les insectes restants, qui à leur tour deviennent aussi plus petits et moins nombreux…
De plus, le processus d’auto-pollinisation fragilise les fleurs tandis que la pollinisation classique permet d’apporter une variabilité génétique au sein d’une même famille végétale. Cette caractéristique leur permet de mieux s’adapter aux changements de leur habitat, ce qui est d’autant plus important dans le contexte climatique actuel.
D’après les recherches menées jusqu’à ce jour, le phénomène d’auto-pollinisation des fleurs pourrait être plus répandu qu’on ne le croit. Il est donc important de préserver les insectes pollinisateurs. Afin de les attirer dans nos prairies, nous pouvons adopter des pratiques plus respectueuses de la biodiversité et commencer par planter des plantes locales dans nos jardins ou nos balcons ! 🐝