Publié le 1 novembre 2024 par Caroline Dusanter
femme avec téléphone et casque

La pollution maritime est un défi immense, surtout dans des zones aussi sensibles que la baie de Guanabara, située à Rio de Janeiro. Avec plus de six millions d’habitants, Rio déverse ses eaux usées, des déchets et parfois des produits chimiques directement dans cette étendue d’eau de 400 km². Depuis longtemps, les pêcheurs locaux luttent pour protéger cette baie emblématique. Aujourd’hui, ils ont un nouvel outil puissant à leur disposition : l'application De Olho na Guanabara (Un œil sur Guanabara). 📲

Un outil entre les mains des pêcheurs

Développée par l'association Ahomar, en collaboration avec l'ONG 350.org, De Olho na Guanabara est une application mobile qui permet aux pêcheurs de signaler les incidents de pollution qu'ils observent au quotidien.

Avant l'existence de cette application, les pêcheurs se contentaient de prendre des photos de la pollution qu’ils observaient. Mais ces images manquaient souvent de précision et n'étaient pas systématiquement transmises aux organismes compétents. Aujourd'hui, l'application permet de géolocaliser exactement les infractions, facilitant ainsi l'intervention des autorités.

Comment fonctionne exactement l’application ?

Le principe est simple. Lorsqu'un pêcheur observe une pollution, il ouvre l'application, prend une photo et enregistre une vidéo si nécessaire. Il peut ensuite ajouter des informations complémentaires, comme le type de pollution détectée (fuite d’hydrocarbures, rejet chimique, etc.). L’élément clé : la géolocalisation. Chaque signalement est localisé sur une map en ligne, ce qui permet d’identifier la zone exacte de l'incident.

Une fois la pollution signalée, l'information est transmise à un modérateur. Après vérification, le rapport est rendu public sur un site internet dédié. Les autorités compétentes, comme Ibama (l’agence environnementale brésilienne), peuvent ensuite intervenir pour imposer des sanctions ou exiger des réparations.

Des résultats concrets

Depuis son lancement en juillet, l’application a déjà permis la soumission de nombreuses dénonciations. En trois semaines, une vingtaine de signalements ont été publiés et une centaine d’autres étaient en cours d’analyse. Ces chiffres montrent bien l'engagement des pêcheurs et l'efficacité de l'application.

L'objectif est clair : surveiller et protéger la baie de Guanabara pour que les générations futures puissent continuer à en profiter. Mais ce combat n’est pas sans risques. Alexandre Anderson, l’un des initiateurs du projet, a fait l'objet de menaces en raison de ses actions contre les industries polluantes. Malgré les dangers, il reste déterminé : "La seule solution, c'est de dénoncer et de faire en sorte que les responsables soient punis."

La pollution de Guanabara : un problème de longue date

La baie de Guanabara est malheureusement habituée à la pollution. Depuis des décennies, les eaux usées de Rio s'y déversent sans traitement adéquat. Les infrastructures pétrolières, comme les raffineries et les plateformes, contribuent également à ce désastre environnemental. En 2000, une marée noire, causée par une fuite dans une raffinerie de Petrobras, a déversé 1,3 million de litres de pétrole dans la baie, anéantissant la pêche locale.

Cette pollution chronique a un impact direct sur la vie des pêcheurs, qui voient leurs prises diminuer année après année. "On ne trouve presque plus de bars ou de merlus", déplore Roberto Marques Resende, un pêcheur de longue date.

Une application qui inspire

Au-delà de la baie de Guanabara, ce projet pourrait bien inspirer d’autres régions du monde confrontées à des problèmes de pollution similaires. Grâce à des outils simples comme cette application, les citoyens peuvent jouer un rôle actif dans la préservation de leur environnement.

De Olho na Guanabara est plus qu’une application. C’est un symbole de résistance, de protection et d’espoir pour un avenir plus propre. 🌳


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