Publié le 3 avril 2025 par Claire Garcés
biochar

Avez-vous déjà entendu parler du biochar ? Ce produit issu de la biomasse était déjà utilisé il y a plus de 2000 ans. Pouvant être utilisé comme amendement du sol, le biochar est considéré comme un puits de carbone et permettrait de stocker du CO2 sur le long terme. Aujourd’hui, la production de biochar émerge telle une solution “miracle” afin d’atteindre nos objectifs climatiques. Qu’en est-il réellement ? Quelles sont les propriétés du biochar ? À quelles limites sa production se confronte-t-elle ? Parlons Planète fait le point.

Qu’est-ce que le biochar ?

Le biochar est produit à partir de la biomasse, soit des matières végétales transformées en bioénergie. Encore peu développé, le biochar s’apparente au charbon de bois mais est pourtant bien différent. En effet, il s’agit d’un produit issu de la pyrolyse de biomasse.

Comment cela fonctionne ? Après être séchées, les matières premières végétales sont chauffées à très haute température (jusqu’à 1000°C) sans apport d’oxygène. On appelle ce processus la pyrolyse : cela permet d’extraire du carbone et de produire du biochar, à partir de biomasse.

D’après le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) des régions tropicales et méditerranéennes : “Une réaction de pyrolyse de biomasse produit en moyenne 30 % de biochar et 70 % de gaz très polluants qui peuvent, et même qui doivent, être brûlés pour produire de l’énergie”. L’énergie émise lors de cette production peut alors servir à autoalimenter la pyrolyse.

Outre la production d’énergie, le biochar a de multiples utilisations (agriculture, puits de carbone, décontamination de l’eau…). De par ses propriétés, le biochar est parfois qualifié de produit “miracle”, permettant de réduire fortement notre empreinte carbone. Bien que le biochar ait de nombreux atouts, il est indispensable de continuer l’effort mondial de diminution des gaz à effet de serre (GES) afin de lutter contre le réchauffement climatique.


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Comment utilise-t-on le biochar ?

Le biochar ne sert pas seulement à produire de l’énergie. Ce produit a bien d’autres applications :

  • 🌾 il sert d’amendement du sol : il améliore la fertilité et la qualité des sols agricoles, grâce à une structure poreuse qui favorise la rétention d’eau et de nutriments dans les sols ;
  • 🚰 les propriétés du biochar lui permettent d’agir comme un filtre capable de rendre l’eau potable ;
  • 🌏 enfin, il a un fort potentiel comme puits de carbone : certains projets envisagent même d’incorporer du biochar dans le bitume des routes afin de réduire l’empreinte carbone du secteur.

L’un des principaux intérêts à utiliser le biochar est de faire de l’agriculture une pratique plus durable, de restaurer les sols, tout en réduisant les émissions de CO2 dans l’atmosphère. L’atout principal du biochar est qu’il s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire en valorisant des déchets agricoles.

Valoriser des matières végétales non utilisées

Les résidus végétaux, après avoir capté du carbone lors de leur cycle de vie, se décomposent naturellement dans la nature. Les gaz à effet de serre captés vont alors être à nouveau relâchés dans l’atmosphère. Comment éviter cela ? C’est là que le biochar intervient. En valorisant les déchets agricoles, on extrait le carbone contenu dans les végétaux pour ensuite le stocker dans les sols.

Dans les régions tropicales notamment, de nombreux résidus verts ne sont pas utilisés. La production de biochar permet alors de leur donner une seconde vie tout en améliorant la structure des sols. Par exemple, on valorise des matières telles que la parche de café (coque entourant le grain de café) ou les balles de riz.

Outre la valorisation des matières végétales, quel est l’intérêt de produire du biochar et de le répandre dans les sols agricoles ? Il faut noter que le biochar ne se décompose pas avant plusieurs siècles. Autrement dit, il suffit d’en répandre une fois sur un sol pour que celui-ci soit fertile et sain durant des décennies ! De plus, le biochar étant majoritairement constitué de carbone, il représente alors une forme stable de stockage du carbone à long terme.

Le biochar : un allié pour lutter contre le réchauffement climatique ?

Afin de limiter le réchauffement climatique, le biochar est une solution intéressante puisqu’il a un fort potentiel d’atténuation (réduction des émissions de GES), de plusieurs milliards de tonnes de CO2 par an. D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le biochar est une “technologie d’émission négative”.


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Le biochar : un produit intéressant mais controversé

Si le biochar peut participer à limiter le réchauffement planétaire, il s’agit aussi d’un produit controversé. En effet, la production de biochar se heurte à plusieurs défis et n’est pas toujours qualifiée de “solution miracle”. D’une part, comme c’est le cas pour la biomasse, le biochar doit être produit à partir de résidus non utilisés afin d’être renouvelable. Il n’est pas question de surexploiter des ressources naturelles dans l’unique but de produire du biochar. De plus, les déchets végétaux doivent être prélevés sur place : autrement, l’empreinte liée au transport des matières alourdit le bilan carbone de la production.

D’autre part, un projet est actuellement en cours afin de construire la plus grande usine de biochar en France. Dans le sud de la France, à Garlin (nord du Béarn), l’entreprise Miraïa envisage de produire du biochar en transformant 135 000 tonnes de biomasse. Ce projet d’usine fait débat, puisque son implantation impliquerait la déforestation des forêts locales : soit l’utilisation d’un bois noble, non des résidus de bois, dans la production de biochar. Sur place, le collectif Forêts Vivantes Pyrénées dénonce les conséquences d’un tel projet sur le climat, l’environnement ainsi que la santé des sols (et par extension, la santé humaine).